N° 846 | Le 28 juin 2007 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
En 2004, on comptait dix millions de 12-25 ans, représentant 17 % de la population : 3,3 millions de collégiens, 1,5 million de lycéens, 2,1 millions d’étudiants (ils étaient à peine 30 000 en 1900 !) et 330 000 apprentis. Si la majorité des adolescents va bien, reconnaissent les auteurs, cela ne signifie pas pour autant qu’ils échappent à la zone de turbulence propre à cette période de la vie, c’est tout simplement « qu’ils parviennent à la surmonter » (p.17).
Depuis un certain nombre de décennies, les jeunes générations ont gagné en liberté et en authenticité, mais, revers de la médaille, elles ont perdu en sécurité et en tranquillité. Pour autant, quels que soient les lieux et les époques, le processus auquel elles sont confrontées repose sur des bases immuables. Même si elle avance de deux à trois mois par décennie, c’est bien la puberté qui signe l’entrée dans cette classe d’âge, avec son lot de transformations physiques qui incitent le jeune à fuir l’impression d’étrangeté à lui-même et l’incite à tenter d’apprivoiser devant le miroir cette image inconnue jusqu’alors. Mais c’est aussi l’occasion d’une incroyable fécondité intellectuelle, peu d’autres périodes de la vie n’étant aussi propices à découvrir et à apprendre tant de choses en si peu de temps.
À cette curiosité qui s’exerce tous azimuts répond en écho une soif d’expériences nouvelles et intenses qui ne demande qu’à s’étancher. Sans oublier la remise en question de l’ordre et des valeurs établis par les adultes comme autant de moyens d’affirmer une insatiable aspiration à l’autonomie. Mais cette surenchère de critiques et de provocations ne saurait estomper une hypersensibilité et un intense besoin de dialogue. Ce que l’adolescent réclame de la part des adultes qui l’entourent et singulièrement de ses parents, ce sont des exemples et des principes personnifiés. Entre l’excès de compréhension, voire de complicité et l’excès de fermeture et de rigidité, la bonne attitude n’est déjà pas toujours facile à trouver. Quand l’adolescent commence à aller mal, savoir réagir est encore plus complexe.
D’autant qu’aucun signe pris isolément ou indépendamment du contexte ne suffit en lui-même pour présumer d’une dimension pathologique. Pour compliquer encore la situation, plus l’adolescent est en souffrance, moins il est en mesure de le reconnaître, de l’exprimer et de demander de l’aide. Il va, au contraire, mettre à l’épreuve son entourage, n’ayant comme seul moyen de fuir son mal-être que de passer à l’acte ou d’utiliser son corps.
Les auteurs proposent une revue des différents signaux qui doivent alerter, en distinguant ceux qui doivent inquiéter de ceux que l’on doit banaliser. Ils dressent un tableau précis des troubles psychiatriques susceptibles de surgir à l’adolescence, décrivant avec précision les prises en charge et les accompagnements possibles, tant du jeune que de ses proches.
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