N° 1213 | Le 21 septembre 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Le néo-libéralisme s’est cristallisé au coeur de l’Union européenne, contre la pensée keynésienne et l’État providence, en s’appuyant sur toute une série de mythes économiques, nous explique Eloi Laurent.
L’État s’oppose à la spontanéité du marché ? Faux. Plus la régulation publique est forte, plus les marchés sont dynamiques. Les contempteurs de la libre concurrence n’ont guère protesté quand la Banque centrale européenne a mis 1 000 milliards de liquidités à disposition des grands groupes financiers, suite à la crise de 2008.
Les inégalités seraient un mal nécessaire, condition à l’efficacité économique ? Faux. Elles nourrissent surtout les crises, en substituant la rente à l’innovation, figeant les positions sociales. Tout au contraire, d’avantage d’égalité baisse les coûts sociaux. La réforme d’Obama sur l’assurance maladie aux États-Unis a permis un ralentissement inédit des dépenses de santé. L’accroissement de la dette publique pèse sur l’avenir de nos enfants au même titre que l’endettement des entreprises ou des ménages menace leur solvabilité ? Faux. Les règles de la comptabilité d’État divergent de celles du privé, car l’objectif poursuivi n’est pas individualiste, mais collectif et à long terme, répondant en outre à la recherche de l’utilité publique.
L’immigration constitue une menace d’envahissement, provoquant l’appauvrissement de notre pays ? Faux. Ces envahisseurs représentent 0,4 % de la population française. Ce qui constitue un coût économique, c’est la non intégration des populations accueillies qui, du fait de leur jeunesse, contribuent davantage qu’elles ne coûtent au régime de retraite, de maladie, soit un apport de 3,9 milliards d’euros par an.
Le problème majeur de notre société actuelle, c’est que la puissance publique a été mise au service d’une cause autre que le progrès social.
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