N° 1262 | Le 26 novembre 2019 | Critiques de livres (accès libre)
Combattre les supercheries
Le discours économique dominant prétend que la seule solution à la crise de l’emploi passe par la flexibilisation du marché du travail. Le seul combat à mener consiste à remettre en cause les privilèges des insiders (ceux qui ont un emploi stable), au bénéfice des outsiders (les précaires). Les déshérités sont devenus des fraudeurs et des assistés et les héritiers, des aventuriers stimulant le progrès. Le seul moyen pour relancer la croissance impose la réduction des dépenses publiques. La mythologie économique a envahi l’espace public, transformant les pires régressions sociales en réformes salutaires et incontournables.
Face à toutes ces prétendues vérités autoproclamées, il faut opposer le doute, le scepticisme et le questionnement, proclame l’auteur en proposant une autre lecture. S’il n’y a vraiment eu qu’une seule grande vague récente de création emplois, c’est grâce à la réduction du temps de travail qui en a généré 350 000. S’il y a bien eu une stabilisation du taux de pauvreté, qui n’est passé entre 2008 et 2013 que de 13 à 14 %, c’est grâce à la redistribution liée aux prestations sociales. Si les entreprises ont bénéficié d’un allègement de 40 milliards d’euros de prélèvement, cela n’a pas été pour créer de l’emploi, mais pour améliorer leur marge et augmenter les dividendes des actionnaires. Si 0,3 % des usagers s’adonnent à la fraude, 35 % d’entre eux n’ont pas recours aux allocations.
Jacques Trémintin
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