N° 1262 | Le 26 novembre 2019 | Critiques de livres (accès libre)
Les vrais gagnants
D’abord, la suppression de l’ISF : 3,5 milliards d’euros profitant aux 340 000 ménages les plus aisés. Puis le taux d’imposition des revenus financiers abaissé à un forfait de 30 % : 1,5 milliard d’euros bénéficiant pour 2/3 aux 10 % des ménages les plus riches. Mais aussi la suppression de la taxe sur les dividendes : 2 milliards d’euros. Et encore l’abaissement de 28 % à 25 % de l’impôt sur les sociétés, qui les soulagera de 15 à 17 milliards d’euros. N’oublions pas toutes les niches fiscales, les modalités de calcul, ainsi que la localisation des profits dans les pays à faible taux d’imposition, opportunités dans lesquelles s’engouffrent avocats et conseillers spécialistes de l’optimisation fiscale : cela représente respectivement 100 et 40 milliards par an. Il fait bon vivre sous l’ère Macron, quand on est riche : on est moins imposé que si l’on est salarié.
Mais, c’est compter sans l’âpreté au gain des plus aisés : la fraude et l’évasion fiscale représentent la somme faramineuse de 21 000 à 32 000 milliards d’euros dans le monde, 1 000 milliards et 100 milliards rien qu’en France. Bien sûr, cela a pour conséquence un manque à gagner pour l’État. Qu’à cela ne tienne : pour le compenser on ponctionne les ménages. Face à la hausse des impôts, le ras-le-bol fiscal monte. Et l’on trouve des boucs émissaires fort commodes : les fonctionnaires, dont il faudrait diminuer le nombre, et les dépenses publiques à réduire.
ATTAC ne se contente pas ici de dresser un état des lieux effarant. L’association propose aussi une liste d’alternatives allant du rééquilibrage entre les impôts directs et indirects jusqu’au renforcement de la répression nationale et le développement de la coopération internationale contre la fraude fiscale, en passant par l’adoption de la taxe sur les transactions financières.
Jacques Trémintin
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