N° 1134 | Le 6 février 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Des pédagogies actives, on dit souvent tout et n’importe quoi. Philippe Meirieu nous propose de revisiter ses principaux concepts en discutant leur interprétation, en dénonçant les caricatures dont ils ont pu faire l’objet et en les replaçant en perspective.
Face aux difficultés rencontrées par l’école contemporaine, il faut cesser de croire au mythe tant d’un passé où les élèves se montraient motivés et travailleurs que du pouvoir irrésistible de l’injonction à apprendre. C’est pourtant le credo dominant. Dans sa quête d’élitisme et de sélection des meilleurs, « l’école se comporte comme un hôpital qui soignerait les bien-portants et mettrait à la porte les malades » (Don Lorenzo Milani, cité p. 163), les enseignants agissant comme des médecins disant à leurs patients « ressaisissez-vous » ou « faites des efforts ».
De tout temps a existé le conflit sociocognitif entre le savoir dispensé et son acquisition. On peut tout à fait acquérir des « compétences », tout en n’ayant pas la capacité de les mettre en application. Ce à quoi justement tentent de répondre des méthodes actives qui cherchent avant tout à associer l’élève en le rendant actif dans ses apprentissages. Elles sont soucieuses de fixer des objectifs suffisamment ambitieux pour le stimuler, mais suffisamment accessibles pour ne pas le décourager. Elles n’évaluent pas tant ses résultats que les mécanismes de sa progression. Elles ne considèrent pas qu’il puisse être en échec parce qu’il ne serait pas motivé, mais tout au contraire qu’il n’est pas motivé parce qu’il est en échec. Elles ne confondent pas le désir de savoir de l’enfant, avec son désir d’apprendre. Elles ne croient pas à sa transformation radicale, au seul contact de l’école, mais le placent très tôt en situation d’avoir à choisir et à s’engager, sans compassion fataliste, ni moralisme. Et pourtant, elles restent bien trop confidentielles.
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