N° 1134 | Le 6 février 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Alors même que notre ministre de l’Education nationale en appelle à la « refondation de l’école », Gabriel Cohn-Bendit dresse ici la liste des obstacles qui s’opposent à cette noble ambition. Le premier d’entre eux est constitué par le corps enseignant lui-même qui, dans sa grande majorité, considère que tout va bien à l’école et qui n’est pas vraiment prêt à se remettre en cause. La situation s’est encore aggravée depuis le recrutement des enseignants à BAC + 5, la distance sociale s’élargissant d’autant plus avec les élèves issus des milieux populaires. La solution du rétablissement de l’autorité est un leurre, car le véritable enjeu est bien de redonner du sens à une école qui, loin de stimuler l’envie de ses élèves, sélectionne avant d’éduquer et élimine avant d’instruire.
Mais Gabriel Cohn-Bendit ne se contente pas de se plaindre ou de critiquer. Il formule aussi de nombreuses propositions. Ne pas se contenter de l’excellence universitaire des enseignants, mais les former à la pédagogie, à la psychologie de l’enfant et de l’adolescent et à la sociologie des publics en difficulté. Arrêter un système de notation qui ne sert qu’à comparer les élèves entre eux, en distinguant les meilleurs des moins bons. Favoriser la mutualisation des savoirs, la coopération et l’entraide entre les élèves. Et d’illustrer son propos en prenant l’exemple des équipes pédagogiques qui fonctionnent différemment, que ce soit l’école primaire de Vitruve, le collège expérimental de Clisthène ou le lycée autogéré de Saint-Nazaire.
En 2007, il avait proposé au ministre d’alors, Xavier Darcos, de relancer les cinq collèges les plus catastrophiques du pays (turn over des enseignants, violence, mauvais résultats, décrochage scolaire) avec des méthodes nouvelles. Six cents enseignants s’étaient même portés volontaires. En vain : il vaut bien mieux continuer comme avant.
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