N° 1223 | Le 20 février 2018 | Critiques de livres (accès libre)
S’appuyant sur des recherches scientifiques et son propre vécu personnel, Alison Gopnik s’attaque au parenting, cette méthode éducative prescriptive et normative nous venant des États-Unis qui, en présentant un mode d’emploi idéal, entretient l’illusion que l’on pourrait façonner l’enfant pour le faire ressembler à un modèle prédéfini.
L’enfance est un espace temps où se déploient l’exploration et l’innovation, l’apprentissage et l’imagination. Notre société, qui prône la créativité et la prise d’initiative, laisse de moins en moins l’opportunité d’avoir accès à l’inattendu et à l’aléatoire, freinant les capacités d’adaptation. C’est en regardant et en écoutant ses parents que l’enfant s’approprie le savoir et les valeurs qu’ils veulent lui transmettre. Mais il ne reproduit pas passivement ce qu’il reçoit. Il l’interprète, le digère et le combine avec sa propre expérience, décidant au final comment il construira sa propre existence. Être parent, affirme l’auteur, ce n’est donc pas agir comme un menuisier sculptant une cire molle, mais comme un jardinier produisant un espace protégé réunissant les facteurs d’une bonne croissance. Proposer amour et stabilité, fiabilité et cohérence, telles sont les conditions d’un épanouissement adéquat.
Comment alors s’y prendre ? Le petit d’homme est le produit d’une cascade d’interactions entre les gènes qui lui sont transmis et l’environnement dans lequel il grandit. Si l’action sur les premiers est limitée, il n’en va pas de même du second. Mais aider ses enfants à bien grandir ne passe pas par une quelconque expertise ou l’élaboration d’un plan de gestion de son éducation, mais par une réhabilitation de la spontanéité, du tâtonnement et de l’expérimentation.
Par Jacques Trémintin.
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