N° 1193 | Le 13 octobre 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La délinquance a toujours existé, parce que toute règle de vie induit sa violation potentielle, prévient d’emblée Jean-Pierre Bedou qui ne prétend pas écrire un ouvrage scientifique proposant une solution miracle contre la criminalité. Plus modestement, il propose un état des lieux des réponses émises par les spécialistes. Écartant les explications ancestrales renvoyant au péché, à la trahison ou à la manifestation du diable, il répartit les grilles d’interprétation élaborées en deux grandes familles. Celle qui se centre sur les causes endogènes et celle qui privilégie les facteurs exogènes. Parmi les premières, on trouve les caractéristiques physiologiques du tempérament, des tares, des maladies et de l’hérédité (chromosome du crime). Il y a aussi l’influence de l’âge : plus il est jeune, plus l’individu est réactif.
Autre caractéristique, l’altération de la personnalité, quand celle-ci est marquée par la faible maîtrise du contrôle de soi, l’impulsivité, l’insensibilité à autrui, le présentisme, la domination du non verbal, la recherche de sensations ou du risque etc. Parmi les facteurs exogènes proposés, on peut citer : l’influence du climat, des saisons ou de la géographie, les effets des inégalités et de l’origine sociale, le poids des mœurs ou de la religion, la densité de la population, le développement économique (moins de criminalité dans les pays pauvres), le type urbain ou rural de l’environnement, le degré de contrôle social, le rôle des stéréotypes (les hommes étant réputés plus violents que les femmes). L’auteur préconise le croisement des approches combinant des explications liées à l’individu et à l’environnement, le multifactoriel étant bien plus fertile que l’unifactoriel.
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