N° 1193 | Le 13 octobre 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La criminologie s’est toujours focalisée sur les transgressions des classes les plus défavorisées, celles des élites étant l’objet de recherches infiniment plus marginales. D’abord, parce qu’elles bénéficient d’un prestige qui contribue à banaliser leurs illégalismes. Ensuite, parce que leur pouvoir exerce une crainte révérencielle. Enfin, parce que leur statut, leurs multiples ressources et leurs réseaux leur permettent de réduire considérablement la visibilité de leurs comportements illicites.
Pourtant, les actes illégaux commis sont nombreux et multiples : escroqueries individuelles, faillites frauduleuses, non respect des règles de sécurité, d’hygiène au travail ou des normes environnementales, tromperie sur la qualité des produits, fraudes fiscales, fausses déclarations en douane, etc. L’action pénale est totalement dépendante des régularisations administrative et civile, en matière économique et financière. La dépénalisation en cours de la vie des affaires renforce le sentiment des classes dirigeantes d’être au-dessus de la loi commune, de la probité publique et de l’honnêteté plaçant pourtant tous les citoyens à égalité. La justice est frappée au coin de la plus grande des timidités quand il s’agit de s’attaquer à la corruption et à la criminalité financière.
Ainsi, la délinquance astucieuse représente-t-elle 10% des condamnations pénales, quand la délinquance économique ne dépasse pas 4%. Longue est la liste des scandales ayant fait l’objet d’enquêtes n’aboutissant à aucune condamnation ou à une peine symbolique. La criminalité en col blanc trouve sa source dans le façonnage éthique des individus fondé sur les seules valeurs de compétition et de recherche effrénée du profit maximum.
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