N° 1214 | Le 5 octobre 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Exposés aux violences conjugales, les enfants de l’oubli
Chantal Zaouche-Gaudron, Jean-Jacques Flores, Coline Jaspart, Olivia Paul, Nathalie Savard
Tous les enfants ont besoin, pour bien grandir, d’un espace aimant et sécurisant leur garantissant des repères stables. Ce n’est pas exactement ce qui se passe dans les familles confrontées aux violences conjugales. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient exposés directement à la vue des coups pour vivre une situation traumatisante. Entendre des mots prononcés, percevoir leur intensité, leur violence, les cris, les bruits associés, constater le sang ou les hématomes sur le corps de leur mère, sa voix terrifiée et ses pleurs constituent un vécu tout aussi éprouvant.
L’enfant peut choisir de protéger la victime ou de l’accabler en se ralliant à l’agresseur. Mais il peut tout autant se déconnecter, en ignorant, banalisant ou déniant cette réalité. Il se trouve très vite submergé par l’anxiété, le stress ou le conflit de loyauté, émotions insécurisantes menaçant directement son développement et son avenir. La construction d’un habitus constitué de relations fondées sur l’agression peut peser sur son fonctionnement d’adulte.
Ils seraient quatre millions d’enfants à vivre ce calvaire dans notre pays. Le rôle de la famille élargie et des personnes-ressources constitue pour eux un facteur essentiel de protection, à condition de ne pas être abandonnés face aux violences auxquelles ils sont exposés.
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