N° 1329 | Le 13 décembre 2022 | Critiques de livres (accès libre)
Depuis une dizaine d’années, la maison d’édition Le Muscadier s’est spécialisée dans la publication de livres de fiction à destination de la jeunesse. Le choix de sa ligne éditoriale est clair : proposer des supports de réflexion et de prise de conscience pour préparer les jeunes lecteurs au monde qui les attend. Devenir des citoyens capables de penser par eux-mêmes, de désobéir et d’alerter quand il le faut : telle est l’ambition des différentes collections proposées. Les thèmes abordés recouvrent les problématiques au cœur de nos sociétés : discrimination, consumérisme, handicap, agression sexuelle, racisme, migration, errance, pollution, risque nucléaire… Mais l’écriture conjugue toujours la pudeur, la sensibilité et la subtilité. Lien Social a déjà présenté certains de ces ouvrages.
En cette période où le Père Noël est parfois en manque d’inspiration, voilà un coup de projecteur qui pourrait bien lui donner des idées.
Plus vrai que nature
On pourrait trouver cyniques certains des six courts récits proposés dans ce recueil. Et si, après tout, ils ne faisaient que refléter notre monde, dont la noirceur est parfois bien pire que les fictions sortis de l’imaginaire ? On a oublié qu’avant d’être affadis par le cinéma, les contes de Grimm ou de Perrault tricotaient parfois la cruauté et l’horreur avec une certaine délectation. Alors, n’hésitons plus et plongeons-nous dans cet art du maquillage qui fascine au-delà de ce que l’on imagine ; dans cette obsolescence qui n’atteint pas seulement les objets de consommation courante ; dans cette journée des soldes qui rend fou ; dans cette quête de justice qui s’empare du Père-Noël ; cette occupation ordinaire d’un ado de Saint-Tropez… De quoi nous faire rire jaune ou broyer du noir… Sauf à poursuivre la lecture jusqu’à la chute finale de chaque nouvelle qui nous offre une ultime pirouette en forme de pas de côté à même de nous faire réfléchir, sans nous prendre la tête. Une gravité d’autant plus supportable qu’elle est enrobée d’humour.
Jacques Trémintin
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